
RFI + France Culture – Info + Web – 23.04.2021 + 25.04.2021 – Audio + Article
Les Albanais sont appelés aux urnes, dimanche 25 avril, pour des législatives sous tension. Accusé de dérive autoritaire, le Premier ministre socialiste, Edi Rama, espère remporter un historique troisième mandat, tandis que l’opposition tente de fédérer les mécontents. La campagne électorale, émaillée de violences, ne suscite pas l’enthousiasme de la population.
Dans les bureaux de vote à la mi-journée – RFI – Info :
Portrait du Premier ministre, Edi Rama – France Culture :
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Enjeux et contexte des législatives – RFI Web – Article
Trente ans après la fin de la dictature, c’est une démocratie albanaise à la peine qui s’apprête à tenir les dixièmes élections multipartites de son histoire. Violences, achats de vote et scandale autour des données personnelles ont électrisé les derniers jours d’une campagne entamée il y a de longues semaines. Le scrutin voit se rejouer le duel d’il y a quatre ans, entre les chefs des deux principales forces politiques du pays.
Si les slogans ont pris cette fois-ci une tournure patriotique, cette revanche n’a pas été l’occasion d’un débat de fond autour des programmes électoraux ni des réelles préoccupations des citoyens. Le scrutin peine à susciter l’enthousiasme des 3 600 000 inscrits. Les électeurs se montrent en effet méfiants à l’égard d’une classe politique qui ne s’est pas véritablement renouvelée et les doutes persistent quant au taux de participation de dimanche.
Le principal enjeu de ces élections sera de savoir si l’actuel Premier ministre socialiste, Edi Rama, remportera un troisième mandat, ce qui serait une première dans l’Albanie postcommuniste. Au pouvoir depuis huit ans, l’ancien maire de Tirana met en avant le renforcement des institutions ainsi que les investissements réalisés dans les infrastructures. Coiffé d’une casquette noire frappée du numéro douze lors de ses meetings, le chef du Parti socialiste (PS) réclame quatre ans supplémentaires afin de poursuivre le travail entamé et promet de faire du pays « un champion du tourisme ».
Néanmoins, ses promesses antérieures de création de 300 000 emplois, de lutte contre la corruption ou de réduction des inégalités n’ont pas été tenues. Réputé proche du président turc, Edi Rama, 56 ans, est critiqué pour sa pratique du pouvoir verticale et de plus en plus autoritaire, notamment depuis 2017 et l’obtention de la majorité absolue par le PS. Des scandales de corruption autour de l’attribution des chantiers publics ont rythmé son dernier mandat et l’opposition n’a cessé d’accuser le pouvoir socialiste de liens avec les trafiquants de drogue.
Un paysage politique immuable
Plusieurs fois ministre à la fin des années 2000, Lulzim Basha espère mettre fin à l’hégémonie socialiste. À 46 ans, ce juriste de formation dirige la principale force d’opposition depuis 2013, le Parti démocratique (PD), de centre droit. Il a axé sa campagne sur l’économie et promis de mettre fin à l’érosion de la démocratie en obtenant l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE, plusieurs fois reportées. Son parti a signé un accord de coalition avec le Mouvement socialiste pour l’intégration (LSI), troisième force politique du pays et ancien faiseur de rois lors de précédentes élections.
Dans ce paysage politique immuable, quelques candidatures marquent une relative diversification de l’offre démocratique en Albanie. Auréolé de son écrasante victoire lors des législatives de février, le parti kosovar Vetevendosje, gauche souverainiste, présente ainsi trois candidats. Ces candidatures sont perçues comme une tentative du Premier ministre kosovar, Albin Kurti, pour élargir son influence dans le monde albanophone. Un syndicaliste des mines de chrome se présente également à la députation. Ces candidats auront néanmoins du mal à remporter l’un des 140 sièges du Parlement, car la réforme électorale votée en octobre 2020 impose d’obtenir un minimum de 1% des voix dans chacune des 12 circonscriptions du pays.
Les élections de dimanche surviennent après une crise politique inédite qui a vu les députés du PD et du LSI démissionner de leurs mandats parlementaires, puis boycotter les élections municipales de 2019. Si les insultes et l’invective sont une constante de la jeune démocratie albanaise, la tension est montée d’un cran ces derniers jours. Un militant du PD a été blessé lundi dans la ville côtière de Kavajë, et un médecin, présenté comme un soutien du PS, a été tué mercredi à Elbasan, dans le centre du pays.
Quatre autres personnes ont également été blessées dans ce qui est présenté par les médias locaux comme une altercation entre militants, sur fond d’achats de votes dans des quartiers défavorisés. La pratique est un fléau de cette région où les gangs criminels sont particulièrement actifs. Quelques jours plus tôt, une polémique autour de l’utilisation des données personnelles par le pouvoir socialiste avait également suscité une vive émotion dans l’opinion publique.
L’article sur le site de RFI.